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Rhino Info Medias

REPOST LE PAPIER DES ONDES / Cela s'est passé un... 23 novembre : 1970, la naissance de Charlie Hebdo

A l'occasion de la refonte du blog Le Papier des Ondes, Rhino Info Medias partage ses publications. Article publié initialement le 23 novembre 2020.

La Rédaction

La Une du premier Charlie Hebdo, paru le 23 novembre 1970

La Une du premier Charlie Hebdo, paru le 23 novembre 1970

Le lundi 23 novembre 1970 paraissait pour la première fois Charlie Hebdo. Depuis 50 ans, le journal lutte contre vents et marées pour la liberté d'expression. Hommage à ce phœnix de la presse française.

Charlie Hebdo, une histoire de censure

Le 9 novembre 1970, Charles De Gaulle meurt, plongeant la France dans l'émoi. Une semaine plus tard, Hara-Kiri titre "Bal tragique à Colombey - 1 mort" (voir ci-dessous). Un parallèle avec l'actualité - un incendie dans une discothèque quelques jours plus tôt avait fait 146 morts - qui ne plaira pas au Gouvernement. Dans la foulée, paraît dans le Journal officiel l'interdiction de la vente aux mineurs du journal satirique, ainsi que de la publicité et l'affichage de celui-ci. La raison officielle alors évoquée fut celle de la publication de dessins qualifiés de pornographiques publiés plus tôt dans le mois. Cette Une du 16 novembre aura-t-elle été la goutte d'eau qui fait déborder le vase ou une victime collatérale de précédentes publications ? Quoi qu'il en soit, l'affaire poussera le Professeur Choron et Cavanna, fondateurs du journal, à chercher une solution pour contourner la censure. Ils la trouveront dans un mensuel de bandes-dessinées paru pour la première fois en 1969 : Charlie. Le 23 novembre 1970 se dévoile donc dans les kiosques un tout nouvel hebdomadaire avec pour Une (voir ci-dessus) : "Il n'y a pas de censure en France". Charlie Hebdo est né et sera publié jusqu'au début des années 80.

Hara-Kiri du 16 novembre 1970, la Une de la discorde

Hara-Kiri du 16 novembre 1970, la Une de la discorde

Disparition et renaissance

La fin de cette première ère sera marquée par des désaccords entre ses fondateurs et par un manque de lecteurs réguliers qui aboutira, fin 1981, au dépôt de bilan. L'hebdomadaire - paru dans un dernier soubresaut sous le titre La Semaine de Charlie (14 mai au 16 juillet 1981) puis L'Hebdo Hara-Kiri (22 juillet au 23 décembre 1981) - publiera tout de même 3 numéros en 1982, le dernier, le 7 septembre, en soutien au mensuel Hara-Kiri. Mais, tel le phœnix, Charlie Hebdo renaîtra une première fois de ses cendres. Le 1er juillet 1992 - près de 10 ans après son dernier numéro, donc -, le journal satirique fait son retour dans les kiosques, sous l'impulsion de Philippe Val et Cabu et sur une proposition de nom de Wolinski. Si certains des historiques prennent part à ce renouveau (ce sera notamment le cas de Cavanna mais pas du Professeur Choron), la publication fait également la part belle à de nouveaux noms, parmi lesquels Bernard Maris, Charb, Luz, Tignous ou encore Renaud. Et c'est dans la droite lignée du Charlie Hebdo originel que l'hebdomadaire paraîtra, moquant toute forme d'extrémisme et d'intégrisme. Au risque de s'attirer les foudres de ceux qu'ils caricaturent.

Une du 8 février 2006, en soutien au Jyllands-Posten

Une du 8 février 2006, en soutien au Jyllands-Posten

Face à la haine

Le 8 février 2006, Charlie Hebdo publie - en soutien au journal danois Jyllands-Posten, attaqué en raison de la publication de caricatures de Mahomet - les dessins de ses confrères. En Une du journal, un dessin du prophète signé Cabu qui marquera durablement l'histoire de l'hebdomadaire, avec cette légende : "C'est dur d'être aimé par des cons" (voir ci-dessus). Si le numéro est un succès pour l'hebdomadaire qui en vendra quelques 400 000 exemplaires (Charlie Hebdo était alors tiré à 140 000 exemplaires, ndlr), une procédure est lancée pour "injures publiques à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur religion" par plusieurs associations. Elles se verront déboutées par la justice, qui exclura "toute volonté délibérée d'offenser directement et gratuitement l'ensemble des musulmans" et conclura que "les limites admissibles de la liberté d'expression n'ont donc pas été dépassées". Placée sous protection policière, la rédaction n'en lâchera pas pour autant son combat contre le radicalisme religieux. Cinq ans plus tard, dans la nuit du 1er au 2 novembre 2011, c'est pour cette même lutte que Charlie Hebdo sera pour la première fois frappé par un acte criminel. Ses locaux sont incendiés suite au dévoilement de la Une du 2 novembre, sur laquelle le journal se renomme Charia Hebdo et annonce Mahomet comme rédacteur en chef. Cette attaque marquera également un tournant quant aux soutiens apportés à l'hebdomadaire, qui, s'il avait été très largement soutenu en 2006, se verra là remettre en cause son droit à la liberté d'expression. De plus en plus décrié, Charlie Hebdo se retrouvera en grande difficulté face à l'effritement du nombre de ses lecteurs (moins de 30 000, ndlr), menant Charb à faire un appel aux dons fin 2014. La haine, elle, ne décroîtra pas.

Charlie, symbole de la liberté d'expression

7 janvier 2015, 11h30, la haine intégriste s'abat sur la rédaction de Charlie Hebdo. Ce jour-là, douze personnes perdront la vie, onze autres seront blessées et la France s'unira derrière les survivants. Face à l'obscurantisme, un slogan émerge alors tel un credo : "Je suis Charlie". Manière de revendiquer ce droit à la liberté d'expression si cher à notre pays des Droits de l'Homme et pourtant si bafoué. Comme annoncé par Patrick Pelloux : "le journal va continuer, ils n'ont pas gagné". Charlie publiera dès la semaine suivante un numéro exceptionnellement tiré à 5 000 000 d'exemplaires, traduit en seize langues et exporté dans de nombreux pays. Ce tirage constituera un record, devenant ainsi le plus important pour un périodique français, loin devant les 2 200 000 du France-Soir consacré... à la mort du Général de Gaulle. La boucle est bouclée, le phœnix redéploie ses ailes.

Charlie Hebdo du 18 novembre 2020, le numéro des 50 ans du journal

Charlie Hebdo du 18 novembre 2020, le numéro des 50 ans du journal

50 ans et toujours indépendant

Voilà Charlie Hebdo fier quinquagénaire. Le journal "bête et méchant" aura su en un demi-siècle se forger une place à part dans la presse hexagonale. De par son histoire, forcément, mais aussi de par son fonctionnement. Indépendant, sans capitaux et sans ressources publicitaires, l'hebdomadaire ne peut compter que sur ses ventes pour subsister. De l'aveu même de Riss (directeur de la publication, ndlr), cela "relève du défi, voire de l'inconscience". Mais c'est ce qui a donné toute sa saveur à la création de Cavanna et du Professeur Choron, portée aujourd'hui par des dessinateurs et chroniqueurs qui se reconnaissent dans le fameux "esprit Charlie", empreint de liberté. Plus que jamais, Charlie Hebdo est un modèle de défense de valeurs essentielles à la démocratie, la liberté d'expression et la laïcité en tête. Les événements des dernières semaines ne viendront certainement pas contredire ce fait. Alors, Joyeux anniversaire Charlie et que l'on se retrouve dans 50 ans pour fêter ton centenaire.

 

Sources : Charlie Hebdo n°1478, Wikipedia

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